ALBERT AYLER NEW GRASS CD FREE JAZZ (ORNETTE, COLTRANE, ARCH À GAËL
Le jazz abonde d’artistes maudits, mais Albert Ayler en est un exemple à l’état pur, vivant dans le rejet, l’ostracisme et le sarcasme permanent, qu’il ne fait rien pour abolir: violence du son amplifié par l’utilisation d’anches très dures et par un jeu très physique mobilisant toute la puissance du souffle et de la bouche, vibrato hypertrophié, paroxystique, héritage plus des transes des negro spirituals originels que du chant des «blues shouters ». Pas de complaisance dans ce discours, pas de recherche du joli, ni même de la beauté, sinon « convulsive ». La structure canonique de l’interprétation jazz est remplacé par une sorte de patchwork sonore truffé de citations, la bluette se résolvant en fanfare polyphonique, puis éclatant en stridences diverses. New Grass, enregistré pour Impulse! en 1968, reste l'album le plus controversé d'Albert Ayler ? qui est lui-même le musicien le plus controversé de toute l'histoire du jazz. Après avoir copieusement allumé les incendies les plus dévastateurs des années 60, et alors qu'on pensait qu'après le passage d'un tel Attila aucune herbe ne pousserait jamais plus, Ayler publiait donc par surprise ce New Grass en s'adressant directement à la nouvelle génération', celle du rock et du rhythm'n'blues. Si ses fameuses stridences et convulsions sont toujours de la partie, il parvient pour une fois à les faire dompter par un accompagnement souvent binaire ? Bernard Purdie tambourine comme un mulet pris de fièvre aiguë ? et s'essaie avec bonheur au chant avec un phrasé tellurique qui renvoie James Brown à la maternelle. Secondé par deux choristes ayant le diable aux fesses, la basse électrique tamponneuse de Bill Folwell et une section de cuivres élevée au Memphis Sound, Ayler est porté dans les meilleurs moments (le fantastique Heart Love) par une espèce d'euphorie juvénile (new grace ?) que sa musique ne connaîtra jamais plus.
4,00/5
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6,00 €
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